Ligne sinueuse le long d’une carte
Quelque soit le côté où l’on se trouve
Elle est toujours une ligne de démarcation
Elle est un morcellement, une déchirure
Elle est invisible en mer ou dans le ciel,
Pourtant elle est là insidieuse
Elle segmente la terre
Signe de propriété, d’appartenance.
Tracée au crayon de sang
Dès son origine elle est guerrière
Elle est née du mot front
Aux ambitions militaires
Il a suffit de lui accoler un suffixe
Pour en faire une Frontière.
Celle qu’on barricade par peur
Celle où sont dressées des murailles
Aux mille miradors crachant
Le feu de la mitraille.
Celle qui se déchire au fil du temps
Et se redessine pour des décennies
Aux souhaits des nouveaux conquérants.
Prison à ciel ouvert de part le monde
Derrière laquelle on assassine
Et où l’homme est plus enragé qu’un chien.
Tâches de barbelés sur des corps écorchés
Celle derrière laquelle se retranche les plus riches
Et rejette à la mer les déracinés, les affamés.
Celle dont on attend désespérément l'ouverture,
Pour enfin voir s’envoler à tire-d’aile
Portés par le vent,
Les cœurs assoiffés d’amour.
Frontière des hommes enchaînés
Entrave à la libre circulation
De ce lien entre les êtres qu’on nomme fraternité,
De ce sentiment indéfinissable qu’est l’amour,
De cette humanité qu’est la solidarité.
Nous sommes de toutes couleurs
De toutes les langues
Nous sommes de la même terre
Tendons nos mains pour un monde
Demain sans frontière
Où l’amour pourra voyager.