Une herbe folle se faufile et s’étire
Fine tige maigrelette au teint blême
Qui cherche la lumière d’entre les rocailles
Sur cette terre aride, asséchée,
Oubliée de la pluie depuis des siècles
Dans cette étendue stérile et craquelée.
Stupide graminée qui s’entête
Sous un soleil de feu à vouloir vivre
Là où rien ne pousse, où tout brûle,
Où le silence pèse de tout son poids
Où l’air et le vent sont fournaises
L’argile jaunie par le temps est assoiffée.
Une brindille de verdure affronte l’austérité
Obstinée défiant toutes les prédictions
Entêtée ignorant sa fragile racine
Résistante à la soif, aux brûlures assassines
Elle se fraie une issue au milieu de l’obstacle
Ni le doute, ni la peur d’une fin fatale
Ne l’effraient, ou la contraignent à renoncer.
Chétive, mais insoumise, elle persiste.
Subversive herbe folle, elle ne se résigne pas
Et à la nuit tombée, bien après le coucher du soleil
Une légère gouttelette d’eau se dépose sur ses feuilles
Comme si le ciel avait eu pitié d’elle
Elle s’abreuve jusqu'à sa sève de cette eau vive
Et au petit matin éclot au sommet de sa tige,
Quatre frêles pétales aux couleurs de l’espoir.