Sur les berges de Seine, un passant
Marche nonchalamment
La nuit réverbére sur l’eau calme
Les lumières de la ville.
Les bouquinistes ont fermé
Leurs boîtes vertes
Cachant des livres d’un autre temps
Des livres qui ont vécu, qui ont survécu.
Il a un chapeau usé sur la tête,
Il porte un imperméable démodé
Ses mains sont plongées dans ses poches.
Ses yeux sont embrumés
Par trop de nostalgie.
Il a le sourire oublié, égaré
Dans la bouche une cigarette
A demie éteinte.
Il marche dans la nuit désabusé.
Un chat de gouttière le rejoint
C'est un chat de Paris
Qui connaît bien les rues
Il accompagne le passant
Lui ne le voit pas,
Il est ailleurs, ou nulle part.
Il avance un pas après l'autre
Le chat se lasse et le quitte
Pour une autre rue,
peut être une poubelle.
Où va-t-il ce passant
De son pas lent ?
Le voilà à présent
Aux abords du pont d’Alma
Le zouave l’observe
Ou lui observe le zouave,
Ça n’a pas d’importance.
Il est au milieu du pont
Il s'approche de la rambarde
Il se penche, regarde l'eau
Un bateau mouche passe,
Lui ne bouge pas.
Mais quelle est donc cette lourdeur
Qu’il porte sur ses épaules ?
Pourquoi est-il comme aimanté
Par ce fleuve qui coule sous ses pieds ?
Et puis une ombre s’approche de lui
C’est une passante sans soucis.
Amoureusement, elle lui sourit.
Maintenant, il se penche sur la passante
Enlacés, transis, ils s’embrassent,
Et dans la nuit s’évanouissent.
C’était donc un passant amoureux.