Un soir ils ont quitté
Leur village bombardé
Où ne subsistent que des cendres.
Elle porte dans son ventre
Le fruit de leur amour
Ils fuient la désolation
La guerre et la furie
Où plus rien ne fleurit.
Ils rêvent d'une autre vie
Pour cet enfant à venir.
Pour eux pas d’âne, ni d’étable
Ils sont bien trop misérables
L'étoile polaire les guide
Ils traverseront des déserts
Du Sinaï ou de Sonora.
Balthazar, Gaspard
Et Melchior ne viendront pas
Avec leurs offrandes
Ils ne sauraient retrouver leurs pas.
Ils marcheront silencieux
Avec d'autres désespérés
Sur ce chemin fastidieux
Ils laisseront leurs deniers
Pour un bateau d'infortune
Ils marcheront encore
Les pieds ensanglantés
Le ventre affamé
La fatigue au fond des yeux
Et cet enfant à naître
Avant de trouver un port.
Toi qui vas prier
Dans des églises cousues d'or
Où toi l'athée, qui au chaud dort
Ne leur ferme pas la porte
Ne les jette pas tels des malpropres
Dans leur exil ils ne cherchent
Qu’un peu de réconfort
Après tant et tant d’efforts
Ils ne veulent que vivre
Et non plus survivre
Ils ne demandent pas l'aumône
Seulement une place
Pour cet enfant à naître
Une vie à reconstruire
Pour qu’à nouveau résonne
La vie, les rires et l’espoir.
Ce n’est pas un conte biblique
C’est un drame humain
Hélas bien trop véridique !