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Poésie insoumise

Ttotte Etxebeste

Le marché aux promesses

Publié le 4 Février 2017 par Ttotte Etxebeste

 

 

 

 

 

 

 

 

Tu as chiné durant des semaines, fouiné en espérant trouver la perle rare en solde. Tu as fait du lèche vitrine, rêvant apercevoir la remise inespérée. Tu as même vogué sur les océans virtuels à la recherche de sapes, ou d’autres choses… Mais déjà la fin des soldes approche doucement et tu te dis que les soldes ne sont plus ce qu’elles étaient !

Rassure-toi mon ami, rassure-toi, le grand marché s’ouvre bientôt, avec ses casseroles, avec ses ceintures qu’ils te vendront en te disant qu’il faut la serrer très fort. Il s’ouvre bientôt Le marché aux promesses. Tu en auras pour ton argent mon ami. Tu auras de belles promesses rouge, bien rouge, celles qui fleurent bon le prolétariat, celui de la lutte des classes au son de l’international. Tu auras des promesses rose, rose romantique, un peu nostalgique, des promesses rose qui voudrait reprendre un peu de couleur même s’il est trop tard pour être une rose rouge. Il y aura les promesses verte, mais ces promesses ne sont pas encore mûres, elles sont encore trop vertes. Tu auras des promesses bleu, oh non, pas des promesses bleu azur, ni bleu océan, ce serait trop beau ! Ces promesses seront bleu sombre, bleu austère, aussi austère qu’un sacristain, c’est certain ! Viendront les promesses nauséabondes, les promesses qui semble-t-il, sont à la mode de part le monde, ces promesses brune ne sentent pas bon, alors vraiment pas bon, elles sentent la peste, la haine et la peur. Méfie- toi de ces promesses, elles sont cancérigènes, méfie-toi mon ami ! Puis, tu auras les promesses de la nouvelle vague, non, pas celle de Godard. Cette nouvelle vague n’est ni rouge, ni rose, ni verte, ni bleu, elle n’est même pas brune, elle est incolore. Elle te fera des promesses de je ne sais quoi… Mais les promesses ne durent que le temps d’un printemps !

Au soir de la clôture du grand marché aux promesses, celui ou celle qui aura vendu le plus de promesses et de ceintures, te dira : c’est bien, tu as fait le bon choix, maintenant rentre chez toi, laisse-moi m’occuper de tout, fais-moi confiance. Tu verras, ça ne sera pas douloureux, endors-toi tout doucement. Regarde la télé réalité, ou Michel Drucker. Rentre chez toi et laisse moi gérer tes affaires et surtout, ne descend pas dans la rue, ça ne serait pas bon pour tes poumons, tu sais bien que je serai obligé d’utiliser mon gaz, celui qui fait pleurer tes yeux et envahit tes poumons jusqu’à t’étouffer. Reste sagement chez toi, je viendrai te réveiller pour le prochain grand marché aux illusions.

le changement n’est pas dans les urnes, le changement est en toi. Le Pouvoir n’est qu’une tromperie, c’est un amant qui, durant toute la nuit, te fait croire qu’il va t’épouser et qui, au petit matin, te quitte ! Ami tu ne seras vraiment libre que le jour où nous prendrons enfin notre destin en main.

Ami, allons rejoindre Louise Michel, elle nous attend sur les barricades de la commune. Ami, chantons le chant des partisans et celui des temps des cerises. Allons voir les raisins de la colère. Ami, souviens-toi d’Alekos qui nous disait de sa Grèce insoumise « celui qui se résigne ne vit pas, il survie ! », souviens toi de Makhno qui, depuis sa vieille Ukraine, nous criait de croire à l’autogestion, à la solidarité de classe et surtout de bannir la dictature du prolétariat. Mon ami souviens-toi d’Ernesto qui, des montagnes de Cuba ou de Bolivie, je ne m’en souviens plus très bien, nous écrivait «Le présent est fait de lutte; l'avenir nous appartient…Tous les jours, il faut lutter pour que cet amour de l'humanité vivante se transforme en gestes concrets, en gestes qui servent d'exemple et qui mobilisent…» Souviens-toi mon ami ! Et puis, entends-tu le chant des Zapatistes, écoute ce qu’il nous chante «… Pour l'instant, le vent d'en haut domine, le vent d'en bas approche, voici l'orage… Quand l'orage sera passé, quand la pluie et le feu laisseront à nouveau la terre en paix, le monde ne sera plus le monde, mais quelque chose de mieux…»

Mon frère, ma frangine ! Viens avec moi rêver d’utopie, viens, reprenons le chiffon noir de la révolte, prends le drapeau arc en ciel de l’égalité. Viens, toi aussi ma frangine aux bas résilles, la putain de Hambourg ou d’ailleurs. Viens, toi le miséreux des taudis de Pretoria ou des favelas de Rio. Viens, toi qui dors sous des cartons, toi le migrant qu’on parque dans des camps barbelés. Viens, toi l’enfant sacrifié de Gaza, de Bruxelles. Viens mon frère, ma frangine nous sommes de la même galère. Prenons nos rêves et nos utopies en main et construisons ensemble le monde de demain et tu verras mon ami que le jour où le règne de la liberté et de l'égalité arrivera, le genre humain sera plus heureux.

Toi qui lis cette bafouille, si tu trouves que je suis un doux rêveur, un utopiste et que mes rêves sont impossibles. Pas grave, je te laisse ton bulletin de vote et moi je garde mes rêves qui sont si beaux.