Viens ami, viens puisque nous devons mourir
Ouvre-moi cette bouteille
Le vin sera ivresse.
Ami, viens, allons voir ailleurs,
Ici tout est hécatombes, un naufrage de folies.
La peur a envahi les cœurs.
Ils ont assassiné, hier au soir, l’amour moribond.
L’herbe n’est plus verte,
La terre tremble de nos errances.
Nos solitudes nous ont confinés
Bien plus sûrement qu’un virus
Ami, viens, tirons-nous !
Rien à espérer par ici,
Le soleil se lève encore, mais jusqu’à quand ?
Nos sourires se sont asséchés, ridés
Les mots se sont tuent
Ne planent plus que des silences sur leur garde,
Des regards sur les dents.
Ami, viens, allons-nous saouler !
La vie est courte en ces temps,
Le vin est le sang, parait-il ?
Faisons-le couler à flots
Comme coule le sang de la misère et de la guerre.
Viens ami, vidons cette bouteille,
Chantons la dérision de nos vies,
Enivrons-nous, nous pourrons peut-être
Dans cette biture, voir le monde plus beau qu’il ne l’est.
Tu verras, nous lui donnerons, pour un soir
La couleur d’un rouge vermeille
Plus incendiaire qu’un baiser de femme.
Viens ami, viens,
Puisque sont enterrées nos utopies,
Qu’il n’y a de salut ici bas.
Ouvre-moi cette bouteille,
Le vin sera ivresse.
Nous sommes encore vivants ;
Regarde la lune
Elle s’est levée, elle nous sourit
Regarde elle se fout de nous
Les étoiles l’accompagnent
Elles n’ont pas perdu le nord,
Serait-ce un signe ?
Viens ami, il nous faut vivre,
Puisqu’elle est belle cette garce.