Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Poésie insoumise

Ttotte Etxebeste

Je suis...

Publié le 17 Janvier 2019 par Ttotte Etxebeste

 

 

 

 

 

 

 

 

On me dit que je suis née de Proudhon

Je ne sais pas s’il est vraiment mon père

Je suis plus ancienne, il n’est qu’un repère

Aristote parlait déjà de moi parait-il !

Je suis vieille mais si jeune encore

Je suis née avec l’âme prolétaire

 

J’ai connu les terres froides et gelées

De la paysanne Ukraine, la cosaque

Je suis fille de paysans, d’ouvriers

Aux mains craquelées par le labeur

Mon cœur est noir comme mon drapeau

Et je chante la Makhnovtchina.

 

Ma sœur est fille de la commune

Frangine des barricades d’infortune

Elle me disait sur la route de la déportation

"La révolution sera la floraison de l'humanité

Comme l'amour est la floraison du cœur."

Elle se perd depuis sur une ile lointaine.

 

J’ai roulé ma bosse dans les rues ensanglantées

Des grandes grèves de Boston à Chicago

On m’a jugée condamnée sans preuves

J’ai fini sur une chaise à Charlestown

Mais ma mémoire plane encore

Sur les murs des ruelles de tant de villes.

 

Je me suis battue à la bataille de l’Ebre

Ils m’ont assassinée à Guernica.

J’ai repris à nouveau le combat

Avec la main d’œuvre immigrée

Pour être encore une fois assassinée

Avec mes compagnons au Mont Valerian.

 

J’ai fait fleurir un mois de mai plein d’espoir

Où il était interdit d’interdire à tout vent

C’était un joli mois de mai au soleil levant

Et les coquelicots étaient bien rouges

Le peuple y croyait, il rêvait d’un autre monde

Des rues du quartier Latin à la Sorbonne

 

La patrie de Platon m’a vue renaitre de mes cendres

Je suis la belle rebelle Rouvikonas, la tenace

J’ai donné à la Grèce le sourire et l’espoir

Alors qu’on tentait de l’étouffer à petit feu

Sous une lourde chape d’austérité de ces raclures

J’ai résisté à Athènes avec ma gueule de métèque

 

Je suis la jeunesse éternelle, celle de la rue,

Cette femme qui se soulève et s’affirme.

Je suis le migrant qui regarde l’horizon et espère.

Je suis gay, transgenre et lesbienne insoumise.

Je suis l’ouvrière et le paysan, solidaires dans la lutte.

Je suis la gamine de notre Dame des Landes

Le poing levé sur toutes les barricades.

Je suis ce chien abandonné au bord de l’autoroute

Qui, de rage, rêve de devenir loup de l’émeute.