Je suis cette ombre inaccessible
Qui voyage dans ma mémoire
Itinéraire solitaire de l’inespoir
Dans ce naufrage d’un soi invisible.
L’innocence de l’enfance perdue
Au fil d’un temps qui passe assassin
Comme s’estompe des traits au fusain
Sur le tapis de la vie au sang répandu.
Je suis cette imperceptible question
Qui brûle l’âme d’une plainte lancinante
Et pourtant étrangement fascinante
Des nuits sans sommeil, de divagations.
Perdu à tout jamais dans la solitude
De l’inutile dilemme d’être ou ne pas être
Pour au final dans l’abandon admettre
Que je n’aurai jamais aucune certitude.
Je suis cette passagère clandestine
Introduite à la naissance par infraction
Pour faire surgir en moi cette contradiction
Qui chaque jour sur mes contours se redessine.
Cet océan déchainé de réel et de cauchemar
Ce tourment qui me noie, me fait vaciller
A vouloir saisir le temps qui coule dans le sablier
Tourbillon de folie qui me fait perdre les amarres.