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Poésie insoumise

Ttotte Etxebeste

Un artiste

Publié le 25 Septembre 2016 par Ttotte Etxebeste

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est un drôle de personnage, peut-être même que c’est un ange. Ce qui est certain, c’est qu’il est poète, artiste. Bien des grands peintres ont voulu saisir sa couleur, ses nuances, ses pigments, mais nul n’y est arrivé à ce jour, et je crois que personne n’y parviendra jamais. Il est unique, magicien de la couleur et de la poésie. Inutile de vous précipiter dans les musées ou dans les galeries d’art pour admirer ses œuvres. Lui n’expose qu’à l’extérieur, à ciel ouvert, aux quatre vents.

Il peint le monde de ses couleurs, de sa chaleur. Après avoir voyagé dans d’autres hémisphères, après avoir peint ailleurs, il revient nous rendre visite régulièrement. Il s’installe ici pour quelques semaines parfois un peu plus. Au début, il reste silencieux, il observe et sans se presser, il commence son œuvre. Il barbouille sa palette et avec son pinceau délicatement, il entame sa toile avec sensualité. Lui, il n’a nul besoin de chevalet, il peint à main levée. Son pinceau, c’est son souffle ; le vent du Sud, son complice, pour sécher sa toile. Sa palette est faite de grains de sable venus d’Afrique, et de brise marine.

Il transforme ce vert si particulier de chez nous en or et cuivre, des sous-bois d’Irati, en passant par les Arbailles, aux sommets d’Urtarai, d’Iparla et Arranomendi. Jusqu’aux fins fonds du Baztan aux pentes de Xoldokogaina, il repeint la nature. Même la couleur ocre du sud des Bardenas change de ton. Il fait naitre une atmosphère étrange, comme si le temps n’était plus le temps, comme si nous avions quitté ce pays pour un autre. Il nous emporte dans un voyage mélancolique. C’est une symphonie entre brume et derniers éclats de soleil. Quand tombe le jour, il repeint l’horizon d’une gouache safranée. Au petit matin, il fait de nos sous-bois, une estampe chinoise tout en mystère. Il joue avec la lumière et l’ombre.

Cela fait pourtant des siècles et des siècles qu’il peint, qu’il manie son pinceau automnal, pourtant il nous surprend chaque fois. Il nous touche et bouleverse par la beauté de son œuvre. Ses tons automnales son pour ceux qui aiment regarder avec amour et passion un émerveillement. Il sait par sa magie des couleurs nous rendre notre âme d’enfant. Il estompe devant nos yeux délicatement les couleurs de l’été, et fait naitre ses motifs.

Ce peintre, cet artiste n’est pas une saison, ne vous trompez pas, il est bien plus que ça ! Il est la beauté à l’état pur, un manteau de chaleur avant l’hiver. Il est une invitation à la poésie, à la rêverie. C’est une nuance de couleur insaisissable. Non, ce n’est pas une saison, mais une œuvre d’art.

Son œuvre est éphémère, et il nous invite à la contempler et à l’admirer avant que ne l’emporte la froideur de l’hiver. Sa toile est faite de grains de sable, de terre ocre et de safran que l’hiver fera fondre. Oui, tout est éphémère, même la vie, et il nous souffle de profiter de l’instant présent car demain tout cela ne sera plus.

Je sais qu’il reviendra façonner cette terre de sa beauté aussi longtemps que la terre tournera autour du soleil. Même après nous, il continuera à peintre et à repeindre pour les générations futures. Par sa splendeur, Il les éblouira. Des artistes de demain tenteront eux aussi de saisir ses couleurs, ses nuances et ses pigments. Les poètes écriront des vers et de la prose comme une ode. Des amoureux perdus dans leurs rêveries s’oublieront en regardant un horizon de gouache safranée. D’autres arrivés à l’automne de leur vie seront nostalgiques des automnes de leur jeunesse. Ainsi va la vie… et les saisons.